Alors que la responsabilité s’installe petit à petit dans l’ADN des entreprises, que ce soit à travers d’actions RSE-compatibles ou de la mise en avant de produits « verts » ou « engagés », ces stratégies peuvent parfois compromettre la vraie démarche responsable. Bien que l’adoption d’une approche authentique de la responsabilité présente des avantages certains, il faut rester vigilant afin de ne pas tomber dans les écueils du greenwashing, où les bonnes intentions pourraient se muer en artifices publicitaires. 

Dans le monde d’aujourd’hui, où bien faire devient plus que nécessaire, les entreprises du numérique se voient dans l’obligation d’intensifier leurs efforts et d’assurer l’impact positif de leurs produits numériques. Heureusement, cette démarche ne se limite pas à une simple obligation morale ; elle ouvre la voie à une multitude d’avantages pour ces entreprises. 

Tout d’abord, la conception responsable contribue à réduire le poids des produits numériques, réduisant ainsi leur consommation énergétique — notamment en datacenters, ce qui permet d’importantes économies sur les coûts opérationnels des organisations, mais aussi un impact carbone total maitrisé, puisque les data centers correspondent à eux seuls à 3% de la consommation d’électricité mondiale, et sont responsables d’environ 16% des émissions de gaz à effet de serre du numérique (The Shift Project).  

Cet allègement leur permet également de se charger plus rapidement, ce qui peut être bénéfique en termes de référencement sur les moteurs de recherches. Google a annoncé en 2020 la mise à jour de son algorithme de référencement avec l’intégration d’indicateurs basés sur la réactivité d’un site, donc sur son temps de chargement mais aussi sur le temps de chargement des animations (Google). Et s’ils se chargent plus rapidement, alors leurs taux de conversion augmentent, car les utilisateurs quittent une page dès que celle-ci met plus de trois secondes pour se charger, et près de 70% d’entre eux admettent que la vitesse des pages à un impact sur leur volonté d’achat auprès d’un site e-commerce. Or, ce paramètre est rarement une priorité pour les entreprises (Unbounce), et la taille moyenne d’une page web s’est vu multiplier par 4 en 10 ans, et ne cesse d’augmenter (HTTPArchive.org). 

Voici les chiffres du taux de conversion par rapport au temps de chargement, qui montrent une chute brutale après quelques secondes, mais aussi des taux supérieurs à 40% pour les temps d’attente les moins longs.

Ensuite, l’un des autres avantages de la conception responsable est qu’elle augmente drastiquement le nombre d’utilisateurs potentiels d’un produit numérique. En mettant en place des solutions d’accessibilité pour les 18% de la population en situation de handicap permanent, et en étant inclusif pour toutes les minorités, alors un produit numérique s’ouvre à plus d’un milliard de personnes.

Ces mesures responsables améliorent aussi la réputation et l’image de marque d’une entreprise, étant donné que les utilisateurs sont de plus en plus conscients de l’impact des produits dont ils se servent. Si l’impact environnemental est ce qui les préoccupe le plus les utilisateurs (26% des français place l’environnement en premier dans leur liste de préoccupations (Credoc)), une entreprise qui fait preuve d’un engagement en faveur de l’accessibilité et de l’inclusivité, ou qui n’utilise pas de dark patterns, s’assure également d’attirer davantage d’utilisateurs et d’organisations partenaires.

Enfin, les produits numériques responsables peuvent stimuler l’innovation. En poussant les entreprises à trouver de nouvelles solutions pour réduire leur impact sur l’environnement et sur les hommes tout en améliorant la qualité de leurs produits et en réduisant la friction, la conception responsable peut déboucher sur de nouveaux usages ou de nouvelles technologies. Les entreprises qui la mettent en place seront bien placées pour prospérer sur un marché en perpétuel mouvement, si tant est qu’elles ne soient pas compromises par le piège du greenwashing.